RUPTURE AVEC CALVIN. 499 Il estime que c’est un poeme lascif et obscène, où Salomon a décrit _ses amours impudiques. D’abord nous l’avons conjuré de.ne pas se per- mettre a la légère de tenir pour nul le témoignage constant de l‘Eglise universelle; nous lui avons rappelé qu’il n`y a aucun livre d’authenticité douteuse sur lequel n`ait été soulevée quelque discussion; que même ceux auxquels nous attachons maintenant une autorité iudiscutée n`ont pas été, des le début, admis sans controverse; que celui-là est précisé- ment le seul qui n’ait jamais été ouvertement répudié. Nous l'avons aussi exhorte a ne pas se lier plus que de raison a son propre jugement, sur- tout quand il n’apportait rien que tout le monde n’ait vu avant sa nais- sauce. lin ce qui touche ce livre, nous lui avons fait voir que e’est une forme d‘épitl1alame qui ne diffère pas de celle qui est employée dans le · Psaume 45, et que la seule différence entre les deux textes est que l’un dit brièvement et d’eusemhle ce que l’autre developpe et décrit en détail: ce « Psaume de Salomon » célèbre la beauté de l’Epouse et ses orne- . ments, de sorte qu’il y a similitude parl`aite quant au fond et que toute la différence est dans la forme du style. Toutes ces raisons n’ayant eu aucune prise sur lui, nous· avons du délibérer entre nous sur ce qu’il convenait de faire. Noire avis unanime a été qu’il serait dangereux et d`un mauvais exemple de l’admettre au ministère avec cette condition : dabord les fidèles ue seraient pas peu blessés s`ils apprenaient que nous avions nommé pasteur un homme qui déclare ouvertement rejeter et condamner un livre que toutes les Eglises ont porté au canon des livres sacrés; ensuite ce serait ouvrir la porte aux adversaires, aux détracteurs qui cherchent Foccasion de calomnier l’Évangile et de déchirer notre Église; enfin nous nous condamnerions par la pour l’avenir à n’avoir rien a objecter à un autre, s’il s’en pré- sentait un qui voulût répudier de même l'Ecclésiaste ou les Proverbes ou tout autre livre de la Bible, à moins qu’on ne voulût en venir a discuter si le livre est digne ou n’est pas digne du saint Esprit. Afin donc que personne ne suppose un autre motif au départ de Sébas- tien, nous voulons qu’il soit attesté, partout où il ira, qu’il a volontaire- ment résigné ses fonctions de directeur du college; ces fonctions, il les avait remplies de telle sorte que nous le jugions digne du saint ministère. S’il n’a pas été admis, ce n’est pas une tache quelconque dans sa vie, ce n’est pas quelque doctrine impie sur un point capital de la t'oi qui s’y est opposé, c’est uniquement la cause que nous venons d’exp0ser. Les Ministres de l’Église de Genève, Signé 2 au nom et par mandat de tous, Jmu Cixnvm. précédente donné ii Calvin d`intércssants détails sur les opinions d`un parti nombreux ii Paris. (je ne sont plus ni des luthériens ni des catholiques, e'est ce que Calvin appellera plus tard les a Lihertins spirituels ». lls rejettent finspiration littérale des Ecritures et voient dans Moise un grand guerrier, un grand législateur. « lis dénatnrent le sens des passages de l'Aucicn Testa- ment que nous citons ii l`appui de notre doctrine, contestent lïiutlientieité des textes qui les CI`|\l)t\l`i'n5S(lIlt. Cl., qllllïlfl (mil!} Oll l0\lI‘ l‘Cl>I'0f)l\O C0l\lm0 llll (BXCCS •l'll|\pUIlCllCf! ill! \’Olll0ll‘ lllllîl réfuter les livres les plus sacrés: ii singuliers livres sacrés! vous répondent-ils. que ceux ou `«~ se trouvent tant de termes obscènes et de chants comme il y en xi dans le Cantique des Can- « tiques ii. lls n'aceeptent pas du tout Yallégorie par laquelle tout s`explique, Dieu embrassant Vlèlglise comme sa bien—uimée. Par les mots [ils de Dieu, ils entendent un liounne divin comme un dit le divin Pluton-», cte. (Opp. Cale., Xi, 491.)
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