Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/258

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

240 Snaixsrina casrnnmon. de ces premiers actes d’autorite de Calvin, et un accent de sympathie pour ces humbles collègues de l’enseignement ou d11 ministere qu’il ne pardonne pas ài Calvin d`avoir ecrases sous sa domination ‘. III Castellion entra chez Oporin, connue correcteur probable- ment, au printemps de 1545, et ce fut la pendant plusieurs années son principal moyen 1l’existence. Le salaire était plus que modique; était—il même 1*ég·1ilier? On en peut douter. Le biographe d’Op0rin, André Jociscus, cite comme une de ses belles actions le secours qu’il donna till pauvre humaniste J qzwm solus dm atom, dit—il. Il n’y a lieu en ellet de douter ni tlO SOI] l)Oll C(l£llI‘ Ill (lt`; SCS illl.CI]l.lO1]S g'éDé[`CUSCS, IT|îllS HOUS sa.vons ce qu’était alors, ce que fut presque toute sa vie l’état de fortune d’Oporiu. A ce moment, il achevait E1 peine de payer, a11 prix d`etl`orts tres meritoires et avec le concours de quelques amis, les dettes qu`il avait contractées ài ses tlél)lltS dans l’imprimerie. Car il avait embrassé cette profession sans y être autrement préparé que par sa passion pour les anciens. L'idée lui en était veu11e 1. Notons seulement comment se termine l’affaire du collège. Charles Dumont, le succes- seur et l`ami de Castellian. vit bien qu'il ne réussirait pas mieux que lui ii tenir tète ii Calvin. Il demanda son conge pour se rendre dans le pays de Gex, espérant étre admis par les Bernois nu pastoral. Calvin écrit ii Viret (5 septembre 1515) r « Charles, le maître en faveur de qui Sébastien m’attaquait, a quitté son poste. séduit par je ne sais quelle espérance ». Calvin voulait le remplacer par Francois Déotliéc, mais celui-ci venait d‘ètre engagé par les Bernois pour le collège de Lausanne (mème lettre); ou demanda officieusement, puis officiellement son congé à Berne; il fut enfin refusé (13 octobre). Calvin eut un moment de tristesse, sinon de découragement (lettre du 13 octobre, à Viret) : il voit toutes ses espérances s'en aller; sa seule consolation est de penser qn`il n’y a pas eu de sa faute dans toute cette malechance de l’école. Et il continue en racontant les mauvais propos dont il est l'objet de la part de Champereau, de Mégret.: décidément, il faudra faire un exemple; jusqu'ici nous avons été trop indulgents, « fuimus haetenus nimis remissi ». Quelques jours après. Viret lui propose un jeune homme de Vevey (I7 octobre.) Calvin préfere attendre: il a l‘intention d’en faire venir un de Strasbourg (21 octobre.) Ils songent tous deux a Erasme Cornier qui vient d'tre nommé successe11r de Cordier ti Neuchatel (3 et 96 novembre). Ce ne fut qu'au commencement de l`année suivante que l'intérim se termina par la nomination d`Erasme Cornier au collège de Genève (lettre de Calvin,1" février 1516), ll le dirigea jusqu't1 sa mort en 1550. On sait que Mathurin Cordier finit par venir ii Genève, lors de Yinauguration de l'Aca— demie (1559). Il avait près de quatre-vingts ans, il y resta ii la tête de la classe de cinquième jusqu`a sa mort. « Le vendredi 2S septembre 1564, mourut le bonhomme Corderius, en grand age, heureusement, et ayant servi jusques ii la fin en sa vocation d`enseigner les enfans. » (Registres de la Ven. Comp.)