Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/285

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POÈMES LATINS. 4 967 pas de sentir l’artilice et l’apprét. Quoi de plus convaincu que le grand ami de Luther, Eobanus Hessus, chantant les muses nouvelles : ` Musœ, noster amor, dulces mea gaudia Musa; Pro Jove quœ Chrislum canitis! ................... lte, novos, Musee, ilores legite, ite, Camœme! Dicite quœ potior, quœ major in orbe voluptas Quam Musas colere et Musarum amplexibus uti, Vivere apud Musas, doctis se tradere Musis. lte procul, veneres et inanis gaudia formœ, ~ Forma, genus, tituli, fastus,Alaus, gloria, sanguis : Me jnvat in viridi requietum gramine doctam Ducere segnitiem *, etc. Et l`apostrophe se continue a pleine bouche et de plein cœur, avec une ingénuité qui devient presque éloquente. Poésie d`écolier, toute mêlée de reminiscences, ou se confondent sans choix Horace, Virgile, Ovide, Claudien! Mais on devine pour- — tant sous ces parures mal assorties quelqu’un de vivant et quelque chosedejeune. « Jeune » n`est peut—être pas le mot juste : ce n’est pas tout ai fait la jeunesse, c'est l`adolescence avec son adorable gaucherie. Tout le siècle en est là; on l`a dit : il faisait sa rhétorique. Et il faut pour deviner ces poètes dans leurs œuvres et quelquefois malg·1·é leurs œuvres, les A juger ai peu près comme fait de nos jours un bon professeur que la redondance, les étourderies, les inégalités de style ou de pensée n’empechent pas de sentir chez ses rhétoriciens un esprit ou un cœur que d‘autres n’y sauraien_t découvrir. C’est de cet œil ala fois perspicace et indulgent que Mélanch- thon regardait cette jeune génération de poètes que la Réforme faisait éclore autour de sa chaire, les uns ses élèves, - les autres ses collègues, tous ses disciples. Y a-t·il rien de plus touchant que tel de ces avis écrits de sa main en manière j de causerie paternelle et affichés a la porte de l’Université, celui·ci par exemple (janvier 1545) : J’aime le poème de Phocylide, et il mérite d'etre lu. Mais il faut. mettre bien au-dessus le poème ou M. Joachim Camerarius vient d’em- brasser dans le style le plus élégant le resumé de l`Evangile, Capita 1. Églogue ll, Cantilcna Philelz. _