Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/290

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272 stàtmsrmu e,tsrELL1oN. Tel quel, cet exercice de versitication fut assez goûté des contemporains, il ent coup sur coup trois éditions et fut encore inséré au xvu° siecle dans divers recueils. Nous n’avons pas besoin de dire qu'il n’est pour rien dans le Jonas, poème sacré en dix chants, de Jacques de Coras (4663), et qu’il n’a pas la moindre part à revendiquer dans l’anatl1eme _ de Boileau, seul titre de notoriété du poeme francais’ : · Le Jonas inconnu sèche dans la poussière. Celui de Castellion était dédié ai son ancien camarade, le médecin Barthélemy Argentier. Une courte dédicace, en quelques distiques, révèle bien chez notre auteur, des cette époque, la préoccupation religieuse et dans la religion même la prédominance de l`idée morale, de la piété pratique. Le ])7‘lÉ0’lL?'S6’2L7', sans etre beaucoup plus original, est plus intéressant. Les données évangéliques sont distribuées en trois chants : l’enfance de Jean-Baptiste, son oeuvre, sa mort. Le recit et les discours calquent le texte des Evangiles, mais · dans une langue- qui est, qui veut être scrupuleusement celle d’Homere. Au début, on ne laisse pas d’être un peu surpris d’entendre Dieu le Père parler comme Zeus et de voir appli- quer a l’arcl1ange Gabriel toutes les épithètes d`Acliille et d’Hermes. L’auteurpossede si bien pa1· cœur son Iliade et son Odyssée qu’il semble écrire en centons; du plus loin que son sujet lui otlre une analogie avec un lieu homérique, il se hate de la saisir et de ]’exploiter : descriptions, comparaisons, liarangues, messages et répétition littérale des messages parle t1·op lidele messager, toutes les recettes de cette poé- tique enfantine sont consciencieusement mises en œuvre. Mais par endroits il fait preuve d’un vrai talent, d’autant plus appréciable qu’il est plus sobre. C`est quand il s`attacl1e a traduire le texte sacré; la en etfet il s’interdit les ornements profanes, et il a de beaux mouvements} Pour donne1· une idée 1. On pourrait cependant., si la- chose n’etait absolument. sans intéret, signaler quelques traits que le poète français semble avoir empruntés au poete latin.