Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/319

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LES DEUX TRADUCTIONS DE LA BIBLE. Sol , Il 1>iuàrAcis nu LA imm; : niânicixcn A anourxun vi On sait ce qu’étaient les préfaces au xv1° siecle. En ce temps d’enthousiasme et de controverses, ou 1·ien n’existait qui ressemblat a la presse périodique pour satisfaire a la prodigieuse activité des esprits, on faisait volontie1·s servir les préfaces a l’ofüce que remplirent plus tard les écrits de circonstance, lihelles, pamphlets, brochures, puis les mémoires, et, de nosjours, les articlesde 1·evue. Lepistola nuncupatorm au temps de la Renaissance tenait un peu de tous ces genres, qui n’étaient pas encore nés. La s’épan- chaient volontiers les passions du moment, la percait a l’.im- proviste mainte opinion nouvelle. Tantôt naïves comme une suite de confidences, tantôt ardentes comme l’écho de_la controverse d’hier, tantôt graves comme une déclaration de principes, ces préfaces sont la page la plus vivante de l’his- toire des idées au XVIC siecle. Et dans la littératu1·e_ protes- tante en ·pa1·ticulier, on pourrait presque marquer les étapes de la Réforme par les manifestes lancés sous cette forme, en tète de quelque traité théologique, depuis la préface de Lefebvre d'Etaples jusqu`a celle de l’Insmution clwéttcmzc de Calvin. _ Celle de la Bible de Castellion devait marquer une étape nouvelle. Un homme qui avait entrepris la traduction de la Bible comme une so1·te de tache sacrée et qui l’avait accomplie au prix des plus cruelles privations, devait avoir besoin, lui aussi, de verser dans une préface le plus pur d`une ame exercée par tant d’années de souffrances, de méditations et de prières! Quelle allait donc être l’idée capitale qu’il juge- rait digne de cette place d’honneur, qu’il mettrait en quelque sorte sous le patronage de la Bible elle-même? Ce fut une doctrine qui n’avait pas encore de nom et q_ui s`appela, beau— coup plus tard, la tolérance.