Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/323

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rntmciz A Enoumni vr. 305 Et, ce qu`il y a de plus indigne, nous prétendons faire toutes ces choses pour l'amour de Christ et par son ordre : férocité de loup qui se couvre d’nne peau d’agneau. « O en quel temps sommes-nous! >> s’écrie .l’autenr, ——· dont nous ‘ reproduirons littéralement quelques passages d'après la tra- duction francaise qu’il en a publiée lui-méme en 4554, on verra plus loin dans quelles circonstances ‘ —— : i ` Velabon : Nous serons sanguinaires et meurtriers par un zèle que nous avons en Christ, lequel à lin que le sang des autres ne deust estre espandu, il a espandu le sien! Par zèle de Christ, nous arracherons l’ivraye, lequel à Hu que le bled ne fust arraché, a commandé l'ivraye estre laissée jusques a la moisson! Par zèle de Christ, nous persécute- rons les autres, luy qui a commandé, que si on nous frappe sur la joue ' dextre, nous presentions la senestre! Par zèle de Christ, nous ferons mal aux autres, luy qui a commandé que rendions bien pour mal E! · Que veutprouver l’auteur par ce noir tableau du monde pré- sent, qu’il appelle un monde de ténèbres? C’est qu`il fautnous conduire comme ferait un homme sage au milieu des tone- . bres 2 ne s’appliquerait—il pas d’abord at éviter_tout mouvement précipité et dangereux? De mème, suspendons notre jugement, craignons d’imposer trop vite notre opinion, de condamner hàtivementnos frères. Imitons la sagesse des Machabées, qui, ne sachant pas exactement en quel point de la montagne ils _ devaient élever l’autel des holocaustes, déposèrent les pierres avec soin en attendant la venue d’un prophète; imitons la longanimité de Moïse, qui, meme après la promulgation de la loi punissant de mort la violation du sabbat, ne voulut pas appliquer la peine au premier coupable qu`on lui amena, avant d’avo‘ir réponse expresse de Dieu; imitons tout au moins la réserve de Gamaliel, qui savait attendre que l’évé- nement vint l’éclairer. 1 Aux arguments tirés de la Bible il en ajoute un, emprunté, dit-il, it la loi romaine. Un homme se disant citoyen libre était signalé comme étant en réalité de condition servile. Tant que durait l’instruction, il continuait d`ètre t1·aité en hommelibre. Et c`était raison 1 car tant qu’il y avait doute sur sa condi- 4 1. Voir chap. xn. . ' 2. Tmicté des hérétiques, etc., p. 93. . . ‘ V 20