Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/37

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Les jeunes seigneurs pour qui le bon moine de Véroli avait écrit ce carmen juvenile avaient évidemment tout à apprendre et beaucoup à désapprendre pour arriver aux rudiments du savoir-vivre ou plus crûment de la propreté: Guillaume Durand n’a pas jugé inutile de rendre le même service à la jeunesse de ses petites classes, rudiori meæ juventuti; il paraphrase patiemment distique après distique, et il les traduit en francais, ce qui ajoute sensiblement, de son aveu, à la sûreté de l'enseignement, et, du nôtre, à l’intérèt de la lecture. Quelques fines remarques sur la latinité décèlent l’humaniste de la Renaissance, le disciple de Budé. Il ajoute aux deux livres de Sulpicius un petit supplément, apex, de Josse Bade, qui à ces mêmes préceptes de civilité extérieure en avait joint quelques autres d’ordre plus relevé, et notamment celui-ci, qui pourrait être la devise de la Renaissance francaise :


Tandem, ubi doctus eris, reliquum est bene vivere cures,
Ignarisque tibi cognita præcipias;


que Durand traduit ainsi : « Et après que tu seras suffisamment instruict aux lettres, il reste que tu tasches de bien et honnestement passer le cours de ta vie sans aucun vice et avec toute vertu. Il faut aussi que tu faces participans de ton scavoir et érudition ceulx qui sont ignorans. »

Outre ce travail, nous ne connaissons de Guillaume Durand que deux petites pièces de vers latins qui méritent d’être mentionnées : l’une, en tête du Cato christianus (1538) d’Étienne Dolet, le trop fameux livret hérétique, dont le hardi pédagogue ose dire :


Hoc discite libro christiane vivere;


l’autre, en tête de l'Histoire de Francois Ier, en vers latins, du même Dolet (1539).

A Guillaume Durand avait succédé Jehan Canappe; le futur « lecteur des chirurgiens de Lyon » ne fit que passer au collège; il quitta ce poste pour se vouer à l'œuvre qui devait préserver son nom de l’oubli : l'enseignement de la chirurgie en français et la publication des premières traduction