LE SUPPLICE DE MICHEL SERVET. 357 En voici un dernier pourtant qu’il est difficile d’omettre, tant il est caractéristique. C’est une lettre d’un pasteur de \`7Ol`l'llS, Vfolfgang Ãvaydner, autre théologien tres ortho- doxe, en relations tres suivies avec Bullinger. Il a lu le livre de Calvin et il confesse a Bollinger que, sans doute par sa faute, il l’a trouvé difficile a suivre : il ne voit pas bien clair dans ces citations d’Irénée et de ’I`ertullien, qui demande- raient à être rapprochées du contexte. Il est d’ailleurs absolu- ment attaché ai la saine doctrine, dont il donne un résumé parfaitement correct, en concluant qu’il subirait mille morts plutot que d’y renoncer, tant il est loin de se laisser effleurer par les « délires blasphématoires de Servet »l Puis il répond a un passage de la lettre de Bullinger, qui lui avait raconte, alui aussi, que le livre de Calvin était tres attaqué par certains esprits malintentionnés 2 Ces esprits doivent être ou bien du troupeau des anabaptistes (car l`anabaptisme a toujours soutenu cette doctrine de Pimpunité absolue), ou bien de détestables papistes, qui saisissent ce prétexte pour exciter la haine contre Genève et contre Calvin. A ce sujet, il faut que je vous dise ce qui m’est arrivé avec ces gens-là. ple recevais la visite d’un de mes paroissiens, homme que ses opinions orthodoxes sur l’Eucharistie m`ont fait prendre en affection. En causant de différentes choses je lui ai présenté le livre de Calvin, Pengageant ai l’emporter à la maison pour le lire. Il le prit, mais aussitot qu’il eut lu le titre, il le rejeta au loin avec indignation en me disant: « Christ n`a pas commandé de brûler les hérétiques, mais de les éviter; et Paul de même >>. llloi, stupéfait en entendant cet homme que j’avais considéré jusque-la comme irrépréhensible, je lui répondis : « Eh! mon cher frère, as-tu donc oublié que Jésus était venu pour sauver et non pourjuger, lors de son premier- avènement; que sa douceur ne prouve pas qu’il ait voulu abolir les peines légales, etc. » Ici \Vaydner s’engage dans une longue et habile disserta- tion ou nous ne le suivrons pas; il établit, avec force textes des deux 'I`estaments, la légitimité de la peine de mort pour hérésie. Et il reprend : Ce n’est qu’après l’avoir ainsi admonesté que je l’ai laissé partir; mais désormais il me sera suspect de relations avec les anabaptistes. Je vous écris tout cela avec grand détail pour que vous sachiez bien qu’il y a parmi les Allemands beaucoup de gens qui jugent mal ce livre de Calvin. Ce qui me fait le plus de peine, c’est qu’il yen a même parmi ceux qui se donnent et qui veulent passer pour de bons paroissiens et pour
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