Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les Sève, au collège, partout, Nicolas Bourbon, dont la réputation était déjà vieille : enfant prodige, le poète de Vandœuvre avait commencé à publier des vers latins avant l’âge de quinze ans. Il était depuis peu revenu de son séjour de quelques mois en Angleterre où, grâce à la protection d’Anne de Boleyn, il avait été précepteur de jeunes gens de haute noblesse ; et il remplissait tour à tour les mêmes fonctions auprès de jeunes seigneurs français, dans les familles de Rohan, de Lautrec, préludant ainsi à l’éducation princière dont il allait bientôt être chargé par Marguerite de Navarre, celle de sa fille Jeanne d’Albret.


Nicolas Bourbon habitait Lyon en 1538, il avait alors trente-cinq ans ; il achevait chez Gryphe l’impression des huit livres de ses poésies, Nugarum libri octo, où se trouvaient réunies toutes ses précédentes publications, y compris son παιδαγωγεἷον[1], en un volume orné de son portrait par Hans Holbein ; il méditait, assure-t-il, une œuvre plus grande, une sorte de galerie épique des grands hommes contemporains, à commencer par François Ier, naturellement, en vers héroïques. Le poème devait commencer par cette phrase, d’où la modestie semblera peut-être absente :


Ille ego qui lusi juvenilia carmina quondam
Plurima, et æternum Nugis sum nomen adeptus....


En attendant, il se promenait tous les jours le long de la Saône et produisait presque sans y penser des vers faciles que cependant il se gardait de laisser perdre; il se hâtait de les envoyer tantôt à l’un, tantôt à l’autre de ses nombreux « patrons »[2], quelquefois à plusieurs en même temps[3].

Nous aurions encore à signaler, dans l’entourage de nos poètes, trois autres noms qui mériteraient une mention plus

  1. Déjà publié à part en 1536, chez Gryphe, in-4, 45 p., sous le titre Opusculum puerile sive παιδαγωγεἷον.
  2. Lettre intercalée à la fin des Nugarum libri octo, p. 495-98. Elle est adressée au jeune Lautrec, Lyon, 1er oct. 1538.
  3. Nous n’avons pas trouvé le nom de Castellion dans les poésies de Bourbon, mais l’évolution qu’accomplissait Bourbon à cette époque même suffirait à expliquer le peu d’affinités entre lui et le jeune Chatillon (voir le chapitre suivant).