Page:Ferdinand Buisson - Sébastien Castellion - Tome 1.djvu/76

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- 58 siiuasrim clxsrnnnion. . Car il n`y a ha loy, prière, oraison, Plus approchant de l’humaine raison, Que l’Evangi|e et Parole laissée Pour estre à tous et toutes annoncée. lille n’a point en elle de rigueur, Mais elle e_st loy d’immortelle vigueur. . Nous apprenons par elle a nous aismer .... Et le développement continue Clyllll seul jet. C’est un pur manifeste du protestantisme, et pourtant Habert n’est, ni ne veut être un luthérien. Et il se croit irréprochable e11 con- tinuant son éloge de la Bible, Livre de vie et résurrection, De vrai salut et de rédemption, Livre plusbeau qu’un Roman!. de la rose... 1. ' De ces exemples qu’il serait facile de multiplier, ne serait- on pas tenté de conclure que jamais société ne fut plus mûre pour une renaissance simultanée de la science et de la piété? Et cette modération même, cette répugnance aux partis vio- lents, cette défiance tt l’endroit des théologiens, cette pré- pondérance donnée a la morale sur le dogme, cette prédi- lection avouée pou1· la sagesse antique ài cause de son hon sens et de sa belle sérénité, toutes ces qualités si françaises ‘ qui caractérisent alors le mouvement de l’opinion française, ne semblaient-elles ` pas assurer quelque avenir a un pla11 de 1·éforme sans schisme dont tout le monde en France était complice il quelque degré? Combien plus serions—nous frappés de ces dispositions de la société française d’alors, si au lieu de nous restreindre ii l’objet propre de cette monographie, nous pouvions de Lyon nous transporter ai Paris, du petit cénacle de ces humanistes de second ordre a l’auditoire de Budé 2, de Dunes ou de `Vatable °, aux leçons savantes du College royal, aux « pres- ches » du Louvre " ou a la cour intime de Marguerite d’An— 1. Des déclarations beaucoup plus significatives encore se trouvent dans le petit poeme la Misère et la Calamilé de l'liomme naissant en ce monde, imprimé à la suite de l'1n.sli- tation de la liberaliié chrétienne (1551). 2. Vie dc Guillaume Bade, fondateur du Collège de France, par Eugène de Budé, Paris, Perrin, 1834, in-12. (Voir notamment p. 207 et suiv.) 3. Voir la belle et savante étude de M. Abel Lefranc : les Origines du Collège de Franco, dans la Ilcvuc internationale de l’en.seignement, 15 mai 1890, p. 470 et suiv. 4. Que fréquentent tous ces humanistes (mème article, p. 477).