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superposition du latin sur le wallon, mais non pas substitution de l’un à l’autre ; en un mot, le wallon est toujours l’élément primitif ; le wallon ce n’est pas du latin corrompu ; c’est du wallon mélangé de latin et rien de plus. Il s’est si peu formé à la suite de la domination romaine, que, nonobstant cette domination, la langue gauloise n’a jamais été parlée que chez les Gaulois.

Il est donc incontestable, selon nous, que les Éburons avaient leurs motifs, autres probablement que ceux des savants, d’avoir une langue qui leur fût propre ; et qu’il n’est nullement besoin de recourir au celtique de Quimper-Corentin pour expliquer ce fait d’une langue sui generis à côté d’idiomes étrangers et différents, puisque ce fait, aujourd’hui comme alors, se prouve par son existence même. Le breton, loin d’être une langue mère, n’a été et ne sera jamais qu’un idiome barbare, en prenant cette épithète toutefois dans le sens si fin et si peu charitable que lui donnaient les anciens[1].

Nous ne savons s’il est une langue au monde dont on ait plus parlé sans la connaître que le wallon : c’est une justice à lui rendre : on a beaucoup déraisonné à propos de lui. On a dit tour à tour que c’était du celtique, du

  1. Nous sommes ici du même sentiment que Roquefort, et cependant nous confessons ne pas l’avoir consulté en rédigeant nos recherches. Voici ses paroles : « Enfin, si je me suis prononcé ouvertement contre la prétendue langue celtique et le sentiment de tous les Bas-Bretons, c’est que la raison et l’histoire se refusent également à croire que ce soit du jargon de Quimper-Corentin que toutes les langues tirent leur origine ; ce système faux et bizarre, qu’on a tenté de ressusciter de nos jours, péchera toujours par ses fondements. » Glossaire de la langue romane, t. I, p. V.