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germain et du latin ; le coup de pied suprême ne lui a même pas manqué, et beaucoup de gens, voulant lui faire injure, l’ont pris pour du flamand.

Oui, après avoir démontré que le breton et le néo-latin ou tout autre jargon né ou à naître n’ont jamais été le langage populaire de nos contrées, il nous reste maintenant à réfuter une autre thèse, celle qui établit que les Liégeois parlaient jadis Flamand, et cela, voilà l’incroyable, non pas dans des temps antiques, mais à une époque très-rapprochée de nous. Cette opinion, sauf respect, n’a pour elle que son côté ridicule ; et c’est peut-être pour cela qu’elle a trouvé tant de complaisants échos, et que tant d’écrivains, maniant avec dextérité les armes de l’érudition, ont brisé maintes lances en son honneur. De nos jours, Walter Scott l’a remise en avant et n’a pas peu servi à l’accréditer encore. C’est grâce à lui que dans son beau livre intitulé Le Rhin, Victor Hugo, et Alexandre Dumas, dans son ridicule Voyage, nous font parler flamand.

Examinons ce point. Pour cela, il faut de nouveau nous reporter en arrière et reprendre une seconde fois la chose ab ovo. Le lecteur nous le pardonnera. Il doit, comme nous, éprouver le besoin de voir son pays se laver d’une accusation aussi niaisement reproduite.

Il paraît que les Éburons étaient un peuple autochthone, et nous entendons par là non pas un peuple né du sol même qu’il habite, car il n’y aurait véritablement dans ce cas que celui que Cadmus sema en Béotie ; mais celui dont l’origine est si ancienne qu’à vrai dire il a eu le temps de perdre complètement le souvenir de la mère patrie, et qu’il ne se souvient plus d’avoir vu le jour sous un autre ciel. Longtemps avant l’arrivée de Jules-