Page:Ferdinand Henaux - Études historiques et littéraires sur le wallon, 1843.djvu/43

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table et de forme et d’orthographe, étant calquée sur la version latine. La voici telle que la rapporte, incorrectement toutefois, un auteur du XVIIe siècle, qui, étranger au wallon, l’a beaucoup francisée[1] :

« Nos peer kest â cier, santifié se ti nom. Ti royâme nos avienn. Ta volontei so faite en l’terr com â cier. Diné no nos pein k’tidien ajourdhu : et pardon no pechei com no pardonn no detteu. Et nos indus nin en tentation, mein delivre no de mal. Amen. »

Quoique nous ne tenions pas à recueillir tous les faits qui renforcent notre opinion, nous ne pouvons passer le suivant sous silence ; bien qu’il soit des plus singuliers, ce n’est pas pourtant, croyons-nous, une raison pour le révoquer en doute.

On sait qu’aujourd’hui encore la montre des reliques attire à Aix-la-Chapelle, tous les sept ans, une foule de curieux. Au moyen âge, dans ces temps où les pèlerinages lointains étaient à la mode, la ville de Charlemagne voyait se presser dans son enceinte une multitude de pieux voyageurs arrivant des contrées les plus éloignées. Dans la première quinzaine du mois de juillet 1447, sept pèlerins hongrois y arrivèrent, et de là, sur l’invitation de plusieurs Liégeois, se rendirent à Liége. Leur parler wallon, identiquement le même que celui qui était en usage dans la Cité, excita une surprise générale. Le bruit circulait déjà, comme le racontent les mémoriographes contemporains, que c’étaient des Liégeois, commerçant en Allemagne, qui s’étaient fixés jadis en Hongrie, quand ces pèlerins annoncèrent qu’une tra-

  1. Davity : Description de l’Europe. Paris, 1660, in-fol. V. le tome I, p. 760.