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dition reçue chez eux était qu’une colonie liégeois s’était établie en 1052 près d’Agra, fuyant leur pays natal ravagé par une lamentable famine. Le roi de Hongrie les avait admis dans ses États avec bonté, et leur avait cédé des terrains incultes, qui se couvrirent bientôt d’habitations que les indigènes nommèrent les village wallons (gallica loca). Pour s’assurer du fondement de cette tradition, on feuilleta les chroniques et les histoires anciennes conservées à la cathédrale, et on y lut en effet ce qu’avaient avancé les Hongrois, c’est-à-dire, les détails affligeants de la famine qui força les Liégeois à s’expatrier en 1052. Les bourgmestres et les échevins, forts de ce témoignage, écrivirent et scellèrent du sceau de la Cité une attestation qu’ils remirent à ces Hongrois-Wallons, où ils reconnaissaient que ceux-ci tiraient leur origine du pays de Liége[1].

Ce fait à une grande importance : il ferait croire que le wallon était demeuré stationnaire depuis l’an 1052 jusqu’en 1447. De même, depuis cette dernière époque jusqu’à nos jours, il n’a pas subi de changements notables quant à la prononciation ; et si ce n’étaient l’orthographe qui a considérablement varié, ainsi que notre vocabulaire qui s’est beaucoup augmenté, les progrès de cet idiome seraient quasi nuls. Cette immutabilité est encore une preuve en faveur de notre système, et démontre lucidement que l’identité de notre wallon avec la langue vul-

  1. Tout cela est raconté avec force détails par Zantfliet et Adrien de Vieux-Bois, dans Martène et Durand, Amplissima Collectio, t. IV, p. 1216, et tome V, p. 455. — Voyez aussi Fisen : Hist. Eccl. Leod., t. II, p. 212 ; Bouille : Hist. du pays de Liége, t. II, p. 35.