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gaire de 972 et de 898 est un fait désormais acquis à l’histoire de nos origines littéraires. Nous sommes donc bien loin de faire dériver, comme quelques écrivains l’ont fait à tort[1], l’idiome liégeois de la langue française actuelle, dont il ne serait qu’une branche arriérée et corrompue[2]. Pour réfuter cette opinion, nous n’avons qu’à répéter pour une dernière fois, que le wallon du quinzième siècle est encore celui que l’on parle de nos jours.

Nous aurions mieux fait, peut-être, de remplacer ces recherches historiques par des études sur le développement graduel de la littérature wallonne. Les fragments d’ouvrages écrits dans cet idiome auraient en effet autrement contribué à faire connaître l’individualité qui le différencie des autres dialectes nommés wallons ; mais il

  1. « La langue des habitants de Liége et des environs est l’ancienne langue romanoe », dit d’une manière un peu trop absolue de Paulmy, dans ses Mélanges tirés d’une grande bibliothèque, tome XLIX, p. 12.
  2. Le wallon est si bien un idiome différent du langage parisien, dit Saumery, que les Français n’en comprennent que peu de mots, encore faut-il qu’ils y prêtent une grande attention. Ils sont parfaitement entendus de ce peuple (Liégeois) ; mais ils ont le désagrément de ne pas l’entendre. Délices du pays de Liége, p. 81 du tome I. (1738). — « L’idiome wallon des Liégeois est inintelligible ; les mots même d’origine française y sont tellement dénaturés par la coupure ou le prolongement des terminaisons, que l’étymologiste le plus exercé a besoin de toute sa sagacité pour deviner leur analogie. » Forster et Pougens : Voyage philosophique et pittoresque sur les rives du Rhin, à Liége, etc. — Paris, 1795 ; t. I, p. 166. — La même remarque a été faite par Schnakenburg : Tableau synoptique des idiomes populaire de la France ; Berlin, 1840, in-8º p. 36.