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clercs. Faire l’histoire à part de ces deux genres nous conduirait trop loin ; disons seulement que ce dernier ne manque pas heureusement chez nous et qu’il apparaît antérieurement au XI siècle. Il nous reste plus d’un chapitre historique avec mesures et rimes, accompagnement qui les rend précieux, mais dont nos historiens des siècles derniers n’ont pas daigné reconnaître l’importance.

En 980, Liége admirait un homme excessivement savant (Hérigère, abbé de Lobbes), et qui écrivait élégamment en vers et en prose : voilà pour le latin[1].

D’un autre côté, un auteur qui compilait en 809[2] nous raconte qu’en 727 le corps de St.-Hubert ayant été ramené à Liége, on lui fit des obsèques magnifiques. Le peuple chantait en vers (carmina) ses vertus et sa vie, dignes des beaux temps de l’apostolat. Voilà pour la chanson vulgaire.

Dans les siècles qui suivirent, il se publia sans doute d’autres chants historiques ; ils ne sont pas arrivés jusqu’à nous.

Le premier ouvrage à date certaine écrit en langue vulgaire que mentionne notre histoire, parut en l’an 1060, où Egbert, clerc de Liége, publia un recueil d’Enigmes populaires. Ce recueil, qui était en vers, eut du succès. Egbert en donna une nouvelle édition augmentée d’un grand nombre de chapitres[3].

  1. Carmine excellens et prosa, dit Trithème, De script, Eccles. V. aussi le Chronicon d’Alberic de Trois-Fontaines, dans Leibnitz : Accessiones historicœ, t. II. p. 45.
  2. Jonas, évêque d’Orléans : Vie de St.-Hubert, publiée par Roberti dans son Hist. Sti. Huberti, p. 53, 54, 61.
  3. Dans les Gest. Pontif. Leod. Script., t. II, p. 6.