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où, le premier, il cherche à astreindre notre dialecte à des règles fixes. Nous avouons qu’en général elles sont fort arbitraires et souvent très-malencontreuses. Un défaut capital chez cet auteur, c’est qu’il s’inquiète fort peu d’en rechercher l’origine dans les étymologies ; d’un autre côté, sa prononciation s’éloigne totalement de celle qui est suivie dans la plupart des ouvrages écrits en wallon, et que l’on considère comme classiques. Ce reproche est si fondé, que l’on ne peut presque plus lire couramment nos écrivains quand on a étudié l’ouvrage de ce lexicographe.

Mais cette dernière crainte est un peu chimérique, car notre siècle accueille froidement notre pauvre idiome, et celui-ci se trouve aujourd’hui descendu à l’état de vrai patois. Quelques rares amateurs seulement en font usage dans de petites satires, souvent politiques et toujours de circonstances. L’Almanach du fameux Mathieu Laensberg, célébrité que bien des biographies nous envient, contient chaque année certain nombre de pièces de vers sur des sujets assez heureux, mais qu’une orthographe vicieuse rend illisibles[1]. Peu avant 1830, Simonis, chansonnier populaire et souvent trivial, se servit habilement du wallon pour jeter du ridicule sur les actes du gouvernement hollandais. Après les avoir composées, Simonis chantait lui-même ses paskeies dans les carrefours et sur les places publiques. Une foule nombreuse applaudissait à ses chants, qui étaient le plus souvent

  1. Du moins depuis 1834 ; car avant cette année, et à dater de 1801, on ne trouve dans cet annuaire que de petites phrases proverbiales wallonnes, le plus souvent niaises, malgré leur laconisme.