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tères qui constituent réellement une langue, c’est le nombre considérable de mots techniques en usage dans les arts et métiers, qui mettent ceux-ci à la portée de l’ouvrier le moins intelligent. Dernièrement, on a vu un inspecteur-général des mines, en France, déclarer hautement qu’il n’y avait que les houilleurs du pays de Liége qui eussent leur dictionnaire, et le seul qui contînt des mots propres aux travaux d’extraction ; ce qu’on chercherait en vain chez les mineurs des autres nations[1].

Nous terminerons par une dernière remarque générale, qui se rapporte à la prononciation. Celle-ci diffère selon les diverses localités, et les modifications de l’accentuation sont telles que presque chaque village a une manière de parler qui lui est propre. À Liège même, différents quartiers ont des nuances de sons complétement étrangères l’une à l’autre, et on habitant de la rive gauche de la Meuse n’a pas besoin d’avoir une oreille fort exercée pour reconnaître au premier abord un habitant de la rive droite, à la manière traînante dont il appuie sur les mots. Ceux-ci subissent quelquefois une altération plus profonde. C’est ainsi que dans une partie de l’ancien marquisat de Franchimont mohonn

  1. C’est une preuve que l’exploitation de la houille (mot francisé comme tant d’autres depuis quelques années) est une industrie toute Liégeoise ; car si elle avait été importée d’ailleurs, elle aurait conservé, dans ses expressions techniques, des traces de son origine étrangère. Nous démontrerons un jour que la découverte de la houille remonte vers notre ère et non, comme le veut l’opinion commune, à l’année 1195, et par conséquent encore moins en 1213, ainsi que nous l’avons fait remarquer dans noire Esquisse d’une Géographie du pays de Liége, p. 5.