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Quoi qu’il en soit, c’est le dialecte de Liège seul qui est en usage dans tout ce qui s’imprime, et c’est des destinées de ce dialecte seul que nous nous sommes enquis. Ses ressources sont en effet supérieures à celles des autres localités. Il se distingue par sa bruyante vivacité, par la richesse de ses figures, par sa sonorité, tandis que ailleurs il est ordinairement traînant et d’une lourdeur à impatienter les auditeurs. Avouons toutefois que sa supériorité s’est malheureusement altérée outre mesure au contact du français. C’est ainsi que nous, qui, à Liège, ne dédaignons pas de parler ni d’aimer le wallon, et qui croyons en savoir quelque chose, nous nous sommes déjà étonné de la pureté du langage de certains quartiers de notre ville, qui ont eu le moins à souffrir de l’influence française ; et nous sommes forcé d’avouer notre ignorance à l’égard d’une foule de mots et de locutions qu’on y emploie encore et que nous sommes dans la nécessité de nous faire traduire. Si, déjà, au sein même de notre ville, nous pouvons saisir et constater la différence qui existe quant au parler, entre les deux rives de la Meuse, il est mille fois plus facile encore, dans certaines communes, de sentir combien le wallon est dégénéré dans nos bouches et combien c’est un admirable dialecte, pour la prose comme pour le vers. Il y a tel canton où la prose est d’une vigueur et d’un laconisme sans rival.

Cette supériorité que nous donnons au dialecte de Liège sur les dialectes du pays, nous la donnons aussi au wallon sur tous les patois de la France. Aucun certes n’a un caractère aussi original, et ne mérite autant que lui d’attirer l’attention des philologues. Cela s’explique et par la nature et par l’histoire. Notre pays est en