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Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/21

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rise. D’un autre côté, la scolastique n’est que la mise en œuvre par la raison des faits acquis de la théologie positive. Sans ce fondement elle reposerait sur le vide. Il faut que la théologie biblique la précède et l’éclaire, mais en se gardant bien d’empiéter sur son objet et d’emprunter sa méthode dont le procédé ordinaire est la déduction. On peut dire que la théologie biblique s’arrête là où la scolastique commence et qu’elle commence elle-même là où l’exégèse finit.

La théologie biblique serait protestante si elle avait la prétention d’être toute la théologie : protestante en principe, car par une heureuse inconséquence, jamais les luthériens ni les calvinistes, pas plus que les anglicans, ne se sont exclusivement renfermés dans la théologie biblique. Elle serait rationaliste, si elle se mettait en contradiction avec elle-même ou avec les autres données de la révélation. Guidée par le magistère infaillible, qu’il s’exprime par les définitions de l’Église ou par la tradition légitime, elle ne saurait viser à l’autonomie absolue. Toutefois il ne faut pas qu’elle cherche dans les écrits inspirés toute la doctrine catholique avec son degré actuel de clarté et de certitude. Ce serait oublier la thèse élémentaire de la vie du dogme. Enfin elle doit se souvenir que la théologie d’un auteur — fût-ce saint Paul lui-même — n’est pas toute la théologie ; qu’elle ne couvre qu’une portion plus ou moins exiguë du vaste champ de la révélation écrite ; qu’on y remarquera donc des lacunes et des solutions de continuité, des manques d’harmonie ou de proportion. Tous les livres du Nouveau Testament sont dans quelque mesure des ouvrages de circonstance ; et c’est peut-être le cas pour ceux de Paul plus que pour les autres. Ses Épîtres sont moins le prolongement régulier de sa prédication, qu’un moyen extraordinaire, presque anormal, de parer à des difficultés imprévues et de faire face à des besoins locaux. Eût-il été plus à portée des Galates, il ne leur aurait probablement pas adressé sa lettre. Les désordres et les divisions de Corinthe nous ont valu sans doute les deux Épitres aux Corinthiens. Même l’Épitre aux Romains, la plus dégagée de toute polémique, doit peut-être son existence au péril judaïsant. Car Paul a reçu mission de prêcher, non de baptiser ou d’écrire, et quand, sous l’inspiration divine, il prend