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Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/22

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le roseau du scribe, c’est provoqué et comme contraint par un fait d’ordre particulier. Il en résulte que l’évolution de sa doctrine écrite, subordonnée aux influences extérieures, n’est pas toujours parallèle au développement logique de sa pensée. Il n’écrit pas comme il prêche et il n’écrit pas ce qu’il prêche. Ses lettres sont dominées souvent par les nécessités de la controverse et toute controverse fausse les proportions, grossissant certains traits au détriment des autres. Pour retrouver la vraie perspective, il faut s’éloigner et se mettre au point.

Marche à suivre. — On entrevoit dès lors les difficultés de notre tâche. En suivant l’ordre chronologique, on sépare des faits unis par une causalité commune et on disloque des doctrines dont le simple rapprochement serait une lumière ; en s’attachant de préférence à l’ordre logique, on mêle ensemble des enseignements de toutes les époques et plusieurs traits contemplés hors de leur cadre historique se présentent sous un faux jour. Nous avons cru obvier à la plupart des inconvénients en divisant ce travail en deux parties. La première replacera les enseignements de l’Apôtre dans leur milieu naturel et, saisissant sur le vif le progrès de ses révélations, s’efforcera de mettre en relief l’évolution ascendante de sa pensée. Ici peut-être tel lecteur sera-t-il tenté de trouver excessive la part faite à l’histoire. Il aurait raison si la pensée d’un homme pouvait bien se comprendre indépendamment des circonstances historiques qui lui donnent l’essor, ou si l’histoire des apôtres n’était point par elle-même de la théologie. Les apôtres nous transmettent la révélation par leurs actes aussi bien que par leurs paroles et leurs écrits ; et qu’entend-on par théologie si l’on refuse ce nom aux décrets de l’assemblée de Jérusalem, au différend d’Antioche, à l’attitude de saint Paul envers la Loi mosaïque ?

Dans la seconde partie, on essayera de donner une vue d’ensemble de la théologie du grand Apôtre, d’en découvrir l’idée maîtresse, d’en marquer l’enchaînement et d’en suivre les ramifications. Cette vue synthétique, qui ramène à l’unité les éléments doctrinaux dispersés par le hasard des circonstances extérieures, était surtout nécessaire pour l’étude sur la personne et sur l’œuvre du Christ, pour la doctrine des sacre-