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Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/23

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ments, pour l’eschatologie et enfin pour la morale, dont les principes et les déductions tiennent souvent par un lien assez lâche aux développements dogmatiques. Mais il ne faut pas songer à distribuer les enseignements de saint Paul dans les cadres tout prêts de la théologie actuelle, Ces cadres ne sont pas faits pour eux : ils sont à la fois trop larges et trop étroits. Plusieurs traités classiques seraient à peu près vides ; d’autres déborderaient en thèses d’une importance vitale au siècle apostolique mais dont l’intérêt est bien affaibli maintenant.

Étude du langage. — La terminologie de Paul méritait une attention spéciale. Si l’étude du langage biblique est plutôt du ressort de l’exégèse, elle rentre dans le domaine de la théologie quand elle embrasse un certain nombre de faits caractéristiques gravitant autour d’un enseignement central. Qui peut se flatter de saisir la pensée de l’Apôtre s’il n’a pesé la valeur des termes qui reviennent constamment sous sa plume : chair et esprit, grâce et charisme, foi et loi, péché et prévarication, justice et justification, vocation et élection, évangile, mystère, parousie, rédemption, salut, gloire et tant d’autres ? Pour éviter d’encombrer le texte et d’alourdir l’exposition, nous avons consacré à ces termes des notes exégétiques et philologiques proportionnées à leur importance. Il fallait se tenir en garde contre un double écueil : supposer à priori le vocabulaire de Paul identique à celui de ses collègues dans l’apostolat et admettre les yeux fermés que les définitions formées plus tard par la scolastique, sous l’influence de la philosophie aristotélicienne, lui sont toujours applicables. Comme aucune expression de la vérité n’est adéquate à son objet, la pensée chrétienne aspire indéfiniment à un degré supérieur de précision et d’exactitude. Peut-être constaterons-nous chez saint Paul, ce premier créateur de la langue chrétienne, un effort soutenu vers le mieux. Ce n’est pas que nous isolions la langue des apôtres de la langue communément parlée de leur temps ; mais il est juste d’y reconnaître un certain nombre d’acceptions spécifiquement chrétiennes qui répondent aux idées caractéristiques de la doctrine nouvelle. Parce qu’on a exagéré jadis la signification de la langue biblique, il ne faut pas maintenant se jeter dans l’excès contraire et nier l’existence d’une langue sacrée.