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Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/24

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II. LES SOURCES.

État de la critique. — Les sources exclusives de la théologie biblique sont les livres du canon de la Bible : ce fut l’une des plus grandes aberrations de la théologie historique au siècle dernier de le méconnaître. Dès que l’on met des écrits profanes sur le même pied que la Bible, on peut avoir l’histoire des idées philosophiques et religieuses d’une époque, mais ce n’est plus de la théologie ni, à plus forte raison, de la théologie biblique. La question de canonicité est réglée par le magistère de l’Église ; la question d’authenticité l’est en général par la critique et l’histoire. Renvoyant aux traités d’Introduction pour un examen plus détaillé, nous voulons seulement ici jalonner notre route par quelques points de repère.

On sait comment l’école de Tubingue, en vertu de sa conception à priori des origines du christianisme, relégua au deuxième siècle la plupart des livres du Nouveau Testament, ne laissant à Paul que ses quatre grandes Épîtres, où l’on croyait distinguer l’esprit hellénique, large, libéral, universaliste et en même temps excessif et intransigeant, du docteur des Gentils. Pendant que la plupart des disciples de Baur, jugeant intenables les positions du maître, rétrogradaient lentement, l’école dite hollandaise a tenu au contraire à le dépasser. Elle déclare apocryphes même les grandes Épîtres, épargnant à peine quelques rares et courts fragments. Ces enfants terribles de la critique ont fait rugir de colère les derniers tenants de Tubingue, dont ils sont la condamnation vivante, parce qu’ils ne font que pousser à l’extrême la méthode et les principes de leurs devanciers. Nous les laisserons vider entre eux leurs querelles. Il ne nous déplaît pas de constater à quel excès d’extravagance peut conduire l’abus de la méthode subjective. D’ailleurs ces débauches d’hypercritique ont porté leurs fruits. Une réaction marquée s’est produite. Holsten, resté fidèle jusqu’au bout à l’esprit de Tubingue, est obligé d’en convenir. M. Harnack, après avoir signalé le même recul, insiste pour qu’on rétrograde encore dans le sens de la tradition. Ils sont rares aujourd’hui ceux qui refusent de reconnaître Paul comme l’auteur des Épîtres aux Philippiens, aux