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Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/25

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Thessaloniciens et à Philémon. Ce sera le dogme incontesté de demain et il est superflu de s’attarder à la démonstration d’une thèse qui bientôt n’aura plus d’opposants. L’authenticité de l’Épître aux Colossiens gagne tous les jours du terrain. On pourrait en dire autant de sa sœur jumelle, l’Épître aux Éphésiens ; mais on y met plus de lenteur et d’hésitation. Cependant les symptômes sont de plus en plus favorables et nous pensons que les derniers nuages ne tarderont pas à se dissiper.

Éphésiens. — Si l’on regarde l’Épître aux Ephésiens comme leur étant exclusivement adressée, on se heurte à des difficultés presque insurmontables. L’église d’Éphèse était peut-être celle qui tenait le plus au cœur de l’Apôtre. I] lui avait consacré trois années entières de labeur. C’est là qu’il avait souffert jusqu’à désespérer de la vie. C’est là qu’il avait soutenu contre les judaïsants coalisés cette lutte inégale dont il était sorti vainqueur. C’est là qu’il avait reçu en revanche des consolationé indicibles. Qui pourrait oublier la scène déchirante de ses adieux aux anciens d’Éphèse ? Or la lettre qu’il leur envoie, si la suscription actuelle n’est pas fautive, ressemble moins à une lettre qu’à une dissertation, sans couleur locale, sans allusions personnelles, sans aucun de ces traits aimables et délicats dont il est si prodigue même avec les Romains et les Colossiens qu’il n’a jamais vus. Et puis un doute pèse sur l’authenticité des mots « à Éphèse » qui se lisent maintenant en tête de l’Épître. Nos deux plus anciens manuscrits grecs ne les ont pas de première main ; S. Basile affirme que de son temps les plus anciennes copies ne les renfermaient pas non plus ; l’Ambrosiaster les ignore ; S. Victorin aussi, très probablement ; Origène montre assez par son commentaire qu’il ne les connaît pas. Enfin Marcion désignait les Laodicéens comme destinataires de cette lettre, ce qu’il n’aurait pu faire s’il avait lu dans son texte les mots suspects et l’on ne voit pas d’ailleurs quelle raison théologique il pouvait avoir de les supprimer[1] !

Toutes les difficultés s’aplanissent dans l’hypothèse d’une circulaire adressée aux églises d’Asie dont Éphèse était la

  1. Les références dans Abbott, Epistle to the Ephesians (Crit. and exeg. Comment.), Édimbourg, 1897, p. I-IX.