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Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/27

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sur huit où nous pouvons le contrôler au moyen de l’histoire juive contemporaine, sur douze où il touche à des faits de l’histoire de Paul mentionnés dans ses Épîtres, — en tout vingt-six Cas, — sauf une seule exception sur laquelle il y a lieu de discuter, la narration des Actes subit honorablement l’épreuve de cette triple comparaison[1]. » Supposer des erreurs et des partis pris dans les passages où le contrôle nous est maintenant impossible serait contraire à toute logique. D’autant plus que l’auteur parle toujours en témoin bien informé : il sait par exemple que Chypre était alors gouvernée par un proconsul, que les magistrats de Philippes s’appelaient stratèges et ceux de Thessalonique politarques, que Derbé et Lystres, mais non pas Iconium, appartenaient à la Lycaonie ; il connaît les moindres péripéties du voyage de saint Paul à Rome et les décrit avec une vivacité de couleurs où la précision s’allie au pittoresque.

Les discours des Actes méritent-ils la même créance ? Ces courtes harangues, dont le débit n’exigerait jamais plus de cinq ou six minutes, ne sont évidemment pas des copies textuelles, mais offrent-elles du moins un fidèle résumé ? Nous demanderons pourquoi l’auteur, si scrupuleusement exact dans ses descriptions, serait ici moins consciencieux. Le style des discours est le sien dans une certaine mesure, mais les idées sont bien clairement celles des orateurs. Paul ne parle pas comme Étienne, ni celui-ci comme Jacques, ni ce dernier comme Pierre. Les discours de Paul en particulier sont toujours bien dans la situation. C’est une présomption favorable. On dira que l’écrivain était assez habile pour les fabriquer de son cru : mais, au lieu d’imaginer ce joli tour de force qui n’est guère dans les mœurs du temps, n’est-il pas plus naturel de supposer qu’il avait sous la main des relations dignes de foi ? D’ailleurs le contrôle ne nous est pas tout à fait interdit. Par les allusions des Épîtres nous savons ce que Paul prêchait et aussi un peu comment il le prêchait. Il est curieux de retrouver cela dans les

  1. Godet, Introduction au N. T., Neuchâtel, 1893, p. 74-75. L’exception apparente concerne Theudas (Vulg. Theodas), Act. 5³⁶.