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ENTRE DEUX RIVES

Si l’Angleterre avait conquis le Canada à cette époque où nous étions si peu nombreux, qui sait ? si notre langue et notre foi auraient pu résister, et ne pas être submergées sous le flot envahisseur…

Cette pensée que j’évoque en passant me rappelle quelques vers de Charles Gill, un de nos poètes canadiens, que je veux vous citer :

« Fils d’Albion ! Dieu mit des obstacles sacrés
Devant nos cœurs français qui narguent les conquêtes.
Notre peuple, jamais vous ne l’engloutirez
Dans l’océan vorace où grondent vos tempêtes,
Vous n’étoufferez pas, sous un jargon jaloux,
La langue maternelle, élégante et sonore !
Vous n’éteindrez jamais l’astre de notre aurore :
La Canadienne aux beaux yeux doux !… »

Neuf heures sonnent, mon ami… Je vous souhaite le bonsoir !




Mars 1918.


Raymond à Louise


Cousine, je ne sais rien de vous depuis plusieurs jours… Me vole-t-on vos lettres ?