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Il aperçoit le noir rivage.
Près de son lit il fait vite appeler
Un vieil ami, tout aussi franc que sage,
Qui d’abord lui fait compliment
Sur son départ pour le dernier voyage.
Vos vœux sont accomplis, dit-il, en soupirant,
Mes regrets sont moins vifs, étant presqu’à votre âge.
Ainsi que vous, bientôt je verrai l’Achéron
Mais, plus que vous, je crains la rame de Caron ;
Oui, je redoute ce passage.
Mon cher, lui répond le mourant,
De notre foible cœur quelle bizarrerie !
Excepté vous, à qui le sentiment
Depuis ma jeunesse me lie,
À qui je confiois mes travers et mon sort,
Je méprisois l’espèce humaine ;
Vivre avec elle étoit ma peine
Et vous trouviez que j’avois tort ;
C’est humeur, disiez-vous, et non philosophie.
Maintenant je voudrois ajouter à ma vie
Tous ces momens passés où j’enviois la mort.
Adieu. Pour corriger de la misanthropie,
Aujourd’hui que je touche au port,
Citez de votre ami la dernière folie.



FABLE C.

L’AIGLE, LA MÉSANGE ET LES PETITS OISEAUX.


Craignant l’excès de la froidure,
Coups de fusil aux bois, appâts dans les sillons,
Mésange et sa famille, avec maints oisillons,
Se cacha dans le trou d’une vieille masure,