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Pour votre âge il ne faut qu’honnête nécessaire :
Un mets simple, léger à vous seule suffit,
Car vous dites toujours : je manque d’appétit.
Mais Lisette vraiment raisonne avec esprit,
Et, qui plus est, elle parle en amie,
Reprend la vieille, oh ! je t’en remercie :
Tu n’oses dire tout, mais je te comprends bien.
Pester contre son sort de l’homme est la manie ;
Oui, Lisette chacun est mécontent du sien
Mais à mon âge elle seroit folie :
Qui touche au terme de sa vie
N’a plus le temps de se plaindre de rien.



FABLE CXVI.

LE MOINEAU ET LA FOURMI.


Un moineau becquetoit des grains
Qu’une infatigable ouvrière
Laissoit tomber sur les chemins,
En regagnant sa fourmilière.
Si j’avois, disoit-il, tous ses gros magasins
Que ces dames fourmis entassent dans leur terre
L’hiver se passeroit gaîment,
Et je ne craindrois plus la mort ou la misère.
Je trouve à vivre maintenant,
Au temps des blonds épis je me tire d’affaire ;
Mais gare l’aquilon, les neiges, les frimas.
La fourmi, très-chargée, alloit à petits pas,
Et le moineau suivoit sa trace.
Voyageuse fourmi, reposez-vous de grâce,