FABLE CXXIII.
L’ARAIGNÉE, LA CHAUVE-SOURIS, ET L’ABEILLE.
Une chauve-souris, vers le soir voltigeant,
D’une araignée emporta tout l’ouvrage ;
La fileuse gronda, s’en plaignit aigrement.
Je n’eus pas le dessein de vous faire un outrage,
Lui répondit
L’oiseau de nuit.
Je me souviens encor que je fus votre amie,
En habitant la Grèce, hélas ! notre patrie,
Que je regretterai toujours.
Une abeille égarée entendoit ce discours ;
La Grèce, ainsi qu’à vous, leur dit-elle, m’est chère ;
Elle sera sans fin l’objet de mon amour.
Je reverrai bientôt Paphos, Naxe, Cythère ;
Je suis du mont Hymette[1] où j’ai reçu le jour ;
Je me nourris des fleurs de ce charmant séjour ;
Et c’est là que j’appris votre fatale histoire :
Pour l’exemple chacun la raconte à son tour.
Elle n’est pas à votre gloire,
Je vous l’avoûrai franchement.
Vous, Arachné[2], dites-moi-donc comment
Vous osiez tenir tête à Minerve ?… immortelle !…
Disputer l’adresse avec elle !…