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Et, vous, Alcithoé[1], vous méprisiez les dieux
Que dans ce pays on révère ?
Il faut les respecter en tout temps, en tous lieux.
Il faut, ou les aimer, ou craindre leur colère.
Convenez que vous aviez tort,
L’une d’être orgueilleuse, et l’autre d’être impie.
D’un malheureux destin votre faute est suivie ;
Je vous plains ; mais chacune a mérité son sort.



FABLE CXXIV.

L’ÉPAGNEUL ET LE GRILLON.


Dans le coin d’un foyer, en rustique maison,
Un grillon s’établit ; c’est toujours son usage
Pour se mettre à l’abri de la froide saison,
Il vivoit fort heureux dans son petit ménage ;
Les maîtres du logis l’aimoient de tout leur cœur ;
De son séjour chez eux ils tiroient bon présage :
L’homme simple au grillon attache le bonheur.
Bien chaudement, sans soucis, sans affaire,
L’insecte en s’amusant fredonnoit quelquefois ;
Comme un autre en musique il avoit sa manière.
Un épagneul méchant, ennuyé de sa voix,
Jaloux de son plaisir, se met un jour en tête,
De déloger cette innocente bête,
En grattant, en jappant, restant près d’elle en quête.
Fatigué de son bruit, le grillon dit au chien,
Sans sortir de son domicile :
Les pénates du lieu m’accordent cet asile ;

  1. Alcithoé, pour avoir méprisé les fêtes de Bacchus, fut métamorphosée en chauve-souris.