Page:Fertiault - La Nuit du génie, 1835.djvu/17

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« Tu m’as donné de l’or, abri de la misère :
« Eh bien ! dis-moi, cet or et ces jours, les veux-tu
« Pour que mon cœur, jadis sous tes pieds abattu,
« Se ranime, s’envole, effleure ta pensée
« Et redescende à moi, mon œuvre commencée ?
« Veux-tu ? que me feraient la froidure et la faim ?
« En moi je trouverais des brasiers et du pain.
« Mais tu ne réponds pas. Tu veux qu’après ma vie,
« Au lieu de me bénir, le vulgaire m’oublie
« Oublié !… Dieu jaloux ! tu souffrirais donc bien
« Si parmi tant de noms j’allais graver le mien ?
« Si tu voyais, toi grand, pleurer de joie un père
« Devant l’œuvre d’un fils qu’applaudirait la terre ?…
« Allons ; j’ai là ma couche où je m’endormirai :
« Dans mes songes, la nuit, au moins je la verrai. »

De son siège, à ces mots, lentement il se lève.
Il semble enveloppé des prestiges d’un rêve,
Aux tisons presque éteints allume son flambeau
Et va chercher l’asile où tout semble si beau.