Page:Fertiault - La Nuit du génie, 1835.djvu/24

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Voile mystèrieux jeté sur sa figure,
Comme sur des traits d’ange un doux ravissement
Où l’on trouve à la fois repos et mouvement.
C’est l’eau qui coule en paix, ridée à sa surface
Par un zéphir léger qui l’effleure et qui passe ;
C’est l’arbre que le vent fait murmurer tout bas,
Qui bruit sans effort et ne s’incline pas.
La lune avait percé la brumeuse atmosphère
Et sur sa couche alors projetait sa lumière.
C’était une bien faible et bien triste clarté.
Il la voit et vers elle on le dirait porté.
Peut-être sa pâleur et sa teinte rêveuse
Appelaient les regards d’une ame malheureuse ;
Mais il applique au sol ses pieds nus ; doucement
Éloigne, de ses mains, le moindre vêtement,
Pour un élu du ciel objet trop périssable
Et, simplement couvert du lin indispensable,
Athlète du génie, envieux des combats,
Vers l’astre aux feux ternis il dirige ses pas.
Son ame ressent moins le chagrin qui la ronge ;