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II

COLLIER ROMPU


Et tenez, maintenant que la voilà rentrée,
La superbe Vampire au sourire sanglant ;
Qu’elle compte ses morts et les recompte, outrée
D’en tenir un de moins sous son ongle brûlant ;

Je vais, si vous voulez, vous ouvrir sa demeure
Que nous envahirons, invisibles. Alors,
En ce lieu, vous verrez comment l’heure suit l’heure,
Et si la soif de vaincre amène le remords. —

De l’ivresse et du bruit dissipant les fumées,
La Sirène s’assied, lasse et fiévreuse encor.
Elle sort de leurs nœuds ses tresses parfumées
Et, boudeuse, à ses pieds jette son réseau d’or.

De sa gorge onduleuse elle enlève les gazes ;
Indolente, elle éteint son ciel de diamants ;
Elle rend à l’écrin et perles et topazes,
Ces constellations que sèment les amants.

Mais au déshabiller survit une dépouille :
Tous les joyaux partis, moins un. L’un est resté,
Le Collier ! Celui-là sous rien ne se verrouille…
Au cou, le jour ; la nuit, au cou ; jamais quitté,