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Page:Fertiault - Un martyr de l’intelligence, 1848.djvu/7

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Écoutez « Un vif rayon vient de naître…
Écoutez « Seigneur, comment reconnaître
Écoutez « Ce don, trésor si nouveau ?

Écoutez « Avant de boire à ton onde
Écoutez « Mon ardeur s’allait briser,
Écoutez « Et je pleurais, sans oser
Écoutez « Montrer mes larmes au monde…
Écoutez « Pour qu’un terrain se féconde
Écoutez « Qu’il faut longtemps l’arroser !

Écoutez « Mais enfin l’œuvre est trouvée !
Écoutez « Je puis redresser mon front.
Écoutez « Si chercher est un affront,
Écoutez « Gloire à la chose achevée !…
Écoutez « Voyons, la tête levée,
Écoutez « Ce que les hommes diront ! »

Comme on voit l’arbrisseau, penché sous la tempête,
Quand l’orage s’est tu, fier, relever sa tête,
De même, Salomon, d’abord désespéré,
Sent l’ivresse bondir en son cœur ulcéré,
Et, plein du vaste espoir où son âme se noie,
Radieux, se redresse, et grandit dans sa joie.


III.

conséquences et avenir de la découverte.


Mais une joie extrême a beau le posséder,
À son abattement tout lutteur doit céder.
C’est depuis bien des jours, depuis bien des années
Que Salomon s’épuise en veilles obstinées,
Et, fier de son secret, quand son esprit le tient,
Malgré tout son bonheur la fatigue lui vient.
C’est après tant d’efforts que triomphe une idée ! —
Salomon penche donc sa tête fécondée ;
Puis, tout en le berçant dans son beau prisme d’or,
Le sommeil l’enveloppe, et le penseur s’endort…
Qu’un repos bienfaisant tombe et le régénère !

Le ciel lui donne-t-il un sommeil ordinaire ?
Non, certes ! non ; le ciel, qui l’a tant fait souffrir,
Pour le récompenser devant lui va s’ouvrir.
Il va lui dérouler, véritable férie,
Tous les progrès futurs de sa jeune industrie ;
Ses continuateurs vont passer devant lui…
Oh ! quel beau jour, mon Dieu, pour Salomon à lui !

Veillez-le bien ! veillez ! que rien ne le dérange !
Chut !… du splendide azur il voit descendre un ange.
Le messager divin, tout brillant de clartés,
Se balance, et bientôt s’abat à ses côtés,
Et, doux révélateur d’une grande merveille,
Pour parler à de Caux se penche à son oreille :

— « Ne te dérange point ; sois calme à sommeiller.
« Je te parle tout bas, craignant de t’éveiller.
« Sous la forme d’un rêve à toi je me présente
« Pour ne point t’enivrer d’une voix séduisante…
« Fuis l’ivresse du cœur, laborieux mortel !
« Je ne viens point ici te prédire un autel ;