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XVI
PRÉFACE

pour but, non la faveur du temps, mais la vérité pure, qu’on n’exige pas de lui qu’il ait ou fasse semblant d’avoir du respect pour une apparence vaine, et qu’on l’exige d’autant moins que l’objet de cette apparence est le point culminant de la religion, c’est-à-dire le point ou la religiosité tourne à l’impiété. Ceci soit dit pour ma justification, non pour mon excuse.

Pour ce qui est du sens que j’ai donné aux sacrements dans l’analyse que j’en ai faite, surtout dans ma conclusion, je ferai remarquer que là j’ai voulu faire voir par un exemple sensible la véritable tendance pratique de mon œuvre, et que j’ai appelé les sens eux-mêmes, la vue, le tact et le goût à porter témoignage de la vérité de mon analyse et de mes pensées. Et en effet, de même que l’eau du baptême, le pain et le vin de l’Eucharistie pris dans le sens naturel sont infiniment plus et ont infiniment plus de force que l’eau, le pain et le vin pris dans le sens religieux, surnaturel et illusoire, de même l’objet de la religion en général dans le sens de cet écrit, dans le sens de l’anthropologie, est infiniment plus réel et ouvre un champ infiniment plus vaste à la théorie et à la pratique, que le même objet tel que l’entend la théologie ; de même que les qualités et les propriétés surnaturelles que l’on attribue ou que l’on veut attribuer à l’eau, au pain et au vin ne sont quelque chose que dans l’imagination et ne sont rien dans la réalité, de même encore l’objet de la religion, l’être divin comme distinct de l’essence de la nature et de l’humanité n’est quelque chose que dans