Page:Feuerbach - Essence du Christianisme, 1864.pdf/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
XVII
PRÉFACE

l’imagination et n’est rien dans la réalité, si ses attributs, tels que l’intelligence, l’amour, etc., sont et signifient autre chose que ces mêmes attributs, en tant qu’ils constituent l’essence de l’humanité et de la nature. Nous devons donc, — telle est la morale de la fable, — faire des attributs et des propriétés des choses et des êtres réels, non pas comme la théologie ou la philosophie spéculative, des signes arbitraires, des symboles et des attributs d’un être différent d’eux, absolu, transcendant et abstrait, mais les prendre dans la signification qu’ils ont par eux-mêmes, signification complétement identique avec leurs qualités, avec la détermination qui fait d’eux ce qu’ils sont réellement. — Ainsi nous aurons la clef d’une science et d’une pratique réelle. En fait et en vérité je mets à la place de l’eau stérile du baptême l’eau bienfaisante de la nature. Quelle trivialité ! s’écrie-t-on. Oh oui ! c’est trivial ; mais le mariage aussi était une vérité triviale lorsque Luther, entraîné par son sentiment profond de la nature humaine, l’opposa à l’illusion sacrée du célibat. De cette manière de voir entièrement opposée à celle de la religion, les méchants esprits ont tiré cette conclusion ridicule, que manger, boire et se baigner constituaient la summa summarum, le résultat complet de mon analyse ; mais à cela je n’ai qu’une chose à répliquer : si la religion ne contient rien de plus que ce que contiennent les sacrements, s’il n’y a pas d’autres actes religieux que ceux qui sont accomplis dans le baptême et l’eucharistie, alors le résultat complet de mon écrit est en effet une