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XVIII
PRÉFACE

invitation à boire, à manger et à prendre des bains ; car il n’est pas autre chose qu’une analyse historique et philosophique, fidèle, ne perdant jamais son objet de vue ; — il n’est que la religion arrivée à la conscience d’elle-même, c’est-à-dire complètement désillusionnée.

J’ai dit que mon œuvre est une analyse historique et philosophique, pour la distinguer des analyses purement historiques du Christianisme que l’on a faites jusqu’ici. L’historien montre, par exemple comme Daumer, que l’eucharistie est un rite provenant des anciens sacrifices humains, et qu’autrefois le pain et le vin étaient remplacés par la chair et le sang de l’homme. Moi, au contraire, je ne prends l’eucharistie pour objet de mon examen que dans la signification sanctionnée par le Christianisme, et je suis ce principe que l’origine d’un dogme en tant que chrétien doit être cherchée dans le sens que lui donne la religion chrétienne, que ce dogme se retrouve ou non dans des religions différentes. L’historien peut aussi, comme Lutselberger, montrer que les récits des miracles du Christ sont remplis de contradictions, que ce sont des inventions faites après coup, que par conséquent le Christ n’est pas tel que la Bible nous le représente. Moi, au contraire, je ne m’inquiète pas de savoir quelle différence existe entre le Christ véritable, réel, et le Christ de la tradition ; je prends le Christ religieux tel qu’il est, et je prouve que cet être surhumain n’est que le produit et l’objet de l’imagination de l’homme ; je ne me demande pas si tel ou tel miracle peut arriver ou non ; je fais voir seulement ce