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XV
PRÉFACE

les mots de liberté, d’éducation, de lumière, et qui veulent nous replonger dans la nuit du sentiment religieux. Sa critique met à nu leurs contradictions, leur nullité et leur impuissance ; nous rendant compte du passé et nous en délivrant par cela même, elle a pour but de rendre libres les voies de la science, d’en être une propédeutique ; elle continue le grand dix-huitième siècle en jetant la lumière sur quelques-uns des problèmes qu’il n’avait pas complètement résolus et nous permet de marcher en avant sans avoir besoin de regarder en arrière.

On aime à croire que M. Renan se donne la peine de lire les œuvres dont il veut rendre compte au public, et chacun est persuadé qu’il est capable de les comprendre. Il lui est arrivé cependant de juger l’Essence du Christianisme de manière à faire mettre en doute son intelligence ou sa bonne foi. Tout d’abord, selon son aimable habitude, se donnant l’air de dédaigner ce qui lui apparaît sous une forme nette et décidée, il nous dit négligemment que la nouvelle école allemande a bien peu d’importance ; mais comme elle a eu un certain retentissement, il veut bien nous en faire connaître quelque chose. Supposons, car ce n’est pas bien sûr, que dans tous ses travaux il n’a pas lui-même seulement pour but de nous raconter des faits, mais d’arriver par eux à des conclusions générales sur l’objet qu’il étudie, eh bien ! tous les résultats qu’il a déjà obtenus sont depuis longtemps le point de départ de cette école dont il veut paraître faire peu de cas. En nous exposant quelques-unes des idées de Feuerbach