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LA RELIGION

pays, Rathlef, pasteur à Diepholz, profita de l’occasion, et la même année il fabriqua une akridothéologie ou théologie des sauterelles, où, entre autres preuves de « la grande intelligence de Dieu, » on rencontre celle-ci : « Il a organisé leur tête d’une manière admirable ; longue et ayant la bouche en bas, elle permet aux sauterelles de manger sans avoir besoin de se courber beaucoup et de prendre leur nourriture avec autant de facilité que de rapidité. » On peut dire qu’il n’y eut pas un seul être dans le monde que la théologie n’adoptât et auquel elle ne léguât son nom sacré en souvenir des services rendus par lui dans le combat contre les incrédules. J.-A. Fabricius écrivit une hydro-et une pyrothéologie ; un intendant supérieur à Pfedelbach « une doctrine spirituelle sur la neige » ; P. Ahlwardt, une brontothéologie ou « des considérations théologiques et rationnelles sur le tonnerre et l’éclair » ; J.-S. Preu une sismothéologie ou étude physico-théologique sur les tremblements de terre. Même les monstres qui, tout d’abord, pouvaient faire conclure à un développement intime dans la nature, même les diables furent créés docteurs en la sainte faculté. Ainsi le savant J.-C. Schwartz fit un discours de usu et proestantiâ demonium ad demonstrandam naturam Dei. Altdorf, 1715. — Il n’y eut pas un seul organe du corps humain dont on ne se servît comme d’un instrument meurtrier contre l’athéisme. Ce n’est pas de l’idée de la perfection, de la sainteté, non ! mais des yeux, des oreilles, du cœur, du cerveau, de la langue, des mains, des pieds, de l’épine dorsale, de l’estomac, des parties sexuelles, qu’on tira des preuves en faveur de l’existence divine. Les penseurs parmi les naturalistes aban-