M. Rebitté est encore plus dur pour le moyen âge que pour les légistes ; il le sacrifie sans pitié, il le peint des plus noires couleurs. Gardons-nous de croire cependant que nous ayons jamais été frappés à ce point de stérilité et de mort. L’époque de nos troubadours et de nos trouvères, celle qui vit les règnes de Philippe-Auguste et de saint Louis, qui donna naissance aux écrits de Villehardouin, de Joinville et de Froissart, mérite, à coup sur, un regard plus clément des historiens de l’esprit français. À ces siècles, que l’on voudrait effacer de l’histoire, appartiennent presque toutes les grandes inventions du génie humain, glorieusement couronnées par celle de Gutenberg, qui, en prêtant des ailes à la pensée, ouvrit, plus qu’aucun autre, les vastes horizons du monde moderne. Alors quelle faveur pour les lettres, quel culte de la grâce et de l’élégance, manifesté par tant de chefs-d’œuvre des beaux-arts ! N’est-ce pas au moyen âge qu’il faut rattacher l’origine de cette exquise urbanité qui a fait de notre société française le modèle de l’Europe ? D’héroïques vertus se cachent dans la nuit de ces temps, que l’on a trop réputés barbares. Déjà la réhabilitation en a été noblement entreprise par Frédéric Schlegel[1] et par M. Fauriel[2] : associons-nous, loin de la contester, à cette œuvre de justice.
L’Essai historique' dont nous avons présenté l’examen n’en est pas moins, malgré nos objections, très-