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CLÉMENCE DE BOURGES.

d’un de ces concours où éclataient à l’envi, par la bouche des auteurs en renom, la douleur et les regrets publics, en vers de toute langue et de toute mesure. La réunion de ces pièces constituait ce qu’on appelait des Tombeaux : genre dont nous avons déjà mentionné la vogue ; honneur accordé à beaucoup de personnages qui sont devenus très-obscurs. Il n’en devait pas être ainsi de Louise Labé, et parce que ses vers, comme on l’a dit, ont trouvé un écho dans les cœurs, et parce que de son temps même elle fut en quelque sorte à la tête de tout un mouvement poétique. Par son exemple, par ses exhortations, elle créa entre les dames la noble émulation de l’art : ses œuvres, dans l’édition qu’elle en fit paraître, sont notamment accompagnées d’une épître dédicatoire à l’une de ses amies, qu’elle presse d’écrire à son exemple, pour donner aussi une salutaire leçon à son sexe.

Cette amie était Clémence de Bourges, qui, malgré ce dernier nom, fait partie de ce qu’on peut appeler l’école lyonnaise, si ce mot d’école n’est pas trop ambitieux ou trop sévère pour ces femmes qui ont composé quelques vers. L’histoire de celle que nous avons désignée est d’ailleurs aussi courte qu’incertaine. Ce qui est du moins avéré, c’est que l’historiographe du Verdier voyait en elle « la perle des demoiselles lyonnaises. » et qu’unie à Louise Labé par la conformité des talents, elle reçut également le surnom de « Sapho du seizième siècle ». Mais ses poésies ne sont pas arrivées jusqu’à nous.

À son souvenir se rattache une légende touchante.