Page:Feydeau - Gibier de potence, 1885.djvu/15

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jours un oncle… un personnage respectable… avec des décorations !… vous n’avez pas de décorations, vous ?…

Plumard.

Non, monsieur, pas jusqu’à présent ! Mais ma femme connaît un Turc qui…

Lemercier.

Oui, parfaitement… Enfin… vous êtes quelque chose dans la maison !

Plumard.

Comment quelque chose ? Mais je suis M. Plumard.

Lemercier, se levant et faisant mine de sortir.

Monsieur Plumard ! Mais je ne suis donc pas chez la Lamballe ?

Plumard, redescendant.

Si, monsieur ! la Lamballe, c’est ma femme.

Lemercier.

Alors, vous êtes M. Lamballe ?

Plumard.

Non, je suis M. Plumard, comprenez-vous ?

Lemercier.

Moi ! si je… pas du tout. Parce que je vais vous dire : généralement la femme porte le nom du mari… Ainsi ma femme s’appelle madame Grognard, parce que je m’appelle monsieur… monsieur Lemercier… (À part, se levant.) J’ai dit une bêtise.

Plumard, se levant.

Tenez, monsieur, je crois qu’il conviendrait de mettre sous vos yeux une page de ma vie. Je serai bref. Prenez donc la peine de vous asseoir.

Lemercier.

J’allais vous le dire !

Il s’asseyent. — Passade.