Page:Feydeau - Gibier de potence, 1885.djvu/24

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châtain. On a vu des gens devenir complètement blancs, en une nuit ! Et puis, il a peut-être une perruque !

Taupinier, commençant à avoir des soupçons.

C’est possible.

Pépita.

Oh ! je suis toute bouleversée. (Lisant.) « Aux cheveux châtains ; ses yeux sont noirs… » (Parlé.) Ah ! mon Dieu, je n’ai pas regardé ses yeux !… et vous, Taupinier ?…

Taupinier.

Moi non plus !…

Pépita, lisant.

« Il a le nez ordinaire, la bouche ordinaire, il lui manque la troisième molaire gauche de la mâchoire inférieure. » (Parlé.) Ah ! notez cela ! La troisième molaire, c’est important. (Lisant.) « Sa taille mesure un mètre soixante-dix. » (Parlé.) Qu’est-ce que ça représente un mètre soixante-dix ?

Taupinier, prenant un mètre en bois sur la cheminée.

Mon Dieu ! un mètre soixante-dix ! cela représente… un peu plus d’un mètre ! D’ailleurs, voici un mètre que le tapissier a laissé. (Mesurant contre le mur jusqu’à la hauteur d’un mètre.) Tenez voilà un mètre ! (Reprenant mesure de terre jusqu’à la hauteur de 70 centimètres.) Et voilà soixante-dix !

Pépita.

Mon Dieu, c’est tout à fait sa taille. Oh ! c’est affreux ! (Lisant.) « Détails particuliers : l’assassin a une fraise sur le sein droit. » (Parlé.) Une fraise sur le sein droit ! (Lisant.) « Il porte des gilets de flanelle rouge » (Parlé.) C’est bien difficile à vérifier. (Elle pose son journal.) Oh ! quand je pense que c’est peut-être un criminel qui était devant moi tout à l’heure !

On sonne.
Taupinier.

On a sonné.

Pépita.

N’importe, je n’y suis pour personne… (Apercevant le pa-