Page:Feydeau - Le Bourgeon, 1906.djvu/202

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en jeu ; que peut-être j’étais une égoïste à vouloir pour mon fils un bien qui n’était apparemment pas celui qui lui convenait ; que si son tempérament devait être une entrave continuelle à ce qu’il avait cru être sa vocation, ce tempérament, en somme, c’était Dieu qui le lui avait donné ; que s’il l’avait fait ainsi, c’est qu’il le réservait peut-être pour une autre mission ; qu’on n’allait pas contre la volonté céleste… ! et alors, insensiblement, je me suis résignée au sacrifice qu’on attendait de moi… ! je l’ai accepté… ! j’ai fini par le souhaiter ! (Approchant son fauteuil légèrement d’Etiennette et toute honteuse, sombrant la voix.) J’ai fini par chercher à le provoquer… Ah ! vous ne savez pas ce dont l’amour d’une mère est capable !

Etiennette.

Oh ! Madame ! Alors, quoi ? Vous voudriez jeter votre fils dans les bras de… ?

La Comtesse, toute désemparée.

Est-ce que je sais… !

Eugénie, accablant la Comtesse sous sa réprobation.

Eh ! bien oui ! Eh ! bien, oui ! Voilà le fond de sa pensée : au moment où son fils va entrer au régiment, où il n’aura pas trop de toute sa fermeté pour lutter contre la