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LE BOURGEON

vieux libéral ; et pour me comprendre, il faut être un religieux. Je suis sûr que monsieur le curé me comprend, lui.

L’ABBÉ, qui dos au public debout près de la table, semble plongé dans ses réflexions, sursautant légèrement en se sentant interpellé et se retournant.

Hein ? euh ! je… certainement !… je… je vous comprends ; mais… je comprends aussi madame la comtesse et M. le Marquis.

MAURICE, au marquis.

Que vous me blâmiez, vous, je l’admets ! (Passant devant le marquis pour aller à sa mère.) mais toi, ma mère ! toi, qui pratiques la doctrine chrétienne ; toi qui m’as toujours prêché la pitié et le pardon… tout cela n’était donc que des mots ?

LA COMTESSE.

Entre le pardon et le mariage, il y a une marge.

MAURICE.

Parce que ç’a été une pécheresse ?… mais n’en est-elle pas plus digne d’intérêt ? et la morale du Christ : « Il lui sera beaucoup pardonné, car elle a beaucoup aimé. »

Sur ce dernier mot, il a gagné jusqu’au Marquis.