Planturel. — Rien ! Mais tout cela n’explique pas votre fuite de Paris !
Ursule. — Et l’opinion publique, monsieur ! Le bruit de ce mariage légitime à trois n’a pas tardé à se répandre dans le quartier. Dès le lendemain, le fruitier, monsieur, m’a dit : « C’est dégoûtant ! »
Planturel. — Comment, il a dit ça, le fruitier ?
Ursule. — Oui, monsieur ! et un beau matin, le propriétaire nous a donné congé. Il nous a fait dire qu’il ne louait pas ses appartements à des Orientaux.
Planturel. — Et c’est pour cela que vous avez loué ici, à Bois-Colombes. Y êtes-vous plus tranquilles, au moins ?
Ursule. — Ah ! bien, oui ! il y a huit jours que nous y sommes, et l’on nous montre déjà du doigt. Madame et messieurs ses maris ne peuvent plus mettre les pieds dehors sans être suivis par les gamins. On a même fait une chanson sur eux !
Planturel. — Une chanson ?
Ursule. — Oui, monsieur. Chantant.
"Y a des femmes qui
S’content’d’un mari
Titin’qui s’fich’pas mal du code
Trouv’que d’en avoir deux, c’est beaucoup plus commode
Elle a z’un’jambe dans un lit
Et l’aut’dans l’aut’lit.
C’est l’coloss’de Rho-o-o-o-odes."