Exaspéré, je les repousse,
A coup de pieds, comme je peux ;
Ils reviennent à la rescousse,
Et me suivent à qui mieux, mieux !
En voyant cette immense troupe
Dont je suis tout environné,
Bientôt une foule se groupe ;
Chacun me regarde étonné.
L’on s’interroge ; on se demande
Si je montre des chiens savants ?
Un monsieur, même, me marchande
Un chien ! Oui ! combien je le vends ?
« Ah monsieur, qu’on m’en débarrasse !
» Prenez les tous ! Ils sont à vous !
» Qu’on en extermine la race !
» Au nom du ciel prenez les tous ! »
Et là-dessus, d’un bond je quitte
Tous ces gens décontenancés :
Je me sauve !… mais à ma suite
Tous les chiens se sont élancés.
Chacun me voyant de la sorte
Me croit sorti de Charenton !
Enfin, bref, j’arrive à la porte
Du logis de ma Madelon.
Ouf ! mon supplice a donc un terme !
Je sonne, j’entre, et promptement,
Au nez de tous les chiens je ferme
La lourde porte poliment.