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Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 1, 1948.djvu/181

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Pinçon, allant à Charançon. — Je suis M. Pinçon !

Charançon. — Eh bien ! tant mieux pour vous.

Il le fait tourner sur lui-même et le pousse vers la porte.

Samuel. — Pinçon ? Qu’est-ce que c’est que cet oiseau-là ?

Pinçon, redescendant, à Charançon qui est lui-même redescendu. — Docteur ! je suis très inquiet !

Charançon.- Oh !

Pinçon. — À midi, je me mets à table, je meurs de faim… je n’ai pas plutôt fini de déjeuner que je perds l’appétit !

Charançon, le repoussant vers le fond. — Oui. Eh bien ! Il ne faut pas déjeuner, mon ami. Allez ! allez !

Il redescend.

Pinçon, redescendant vers Charançon. — À sept heures…

Charançon. — Oh ! mais il est assommant !

Pinçon. — Je ne sais pas si c’est un effet de la digestion, je meurs de faim. Je fonctionne régulièrement.

Charançon. — Mais dites donc ! vous n’avez pas fini ! il y a une dame !

Pinçon, s’inclinant. — Oh ! pardon ! (Reprenant.) Alors je me dis : mais qu’est-ce que j’ai donc ? Qu’est-ce que j’ai donc ? Ce n’est pas naturel ! Je me porte trop bien ! Je dois être malade !

Charançon, le repoussant dans la direction de la porte. — Oui, eh bien ! il faut vous soigner ! Allez ! allez !

Pinçon, redescendant. — Mon pouls… mon pouls…

Charançon. — Oh ! (À Samuel.) dis donc, Samuel ! va donc voir le pouls de monsieur dans l’antichambre !

Pinçon. — Ah ! monsieur est docteur !

Charançon. — Oui, c’est le médecin en chef.. allez.

Samuel. — Oui ! venez, monsieur Rossignol !

Pinçon. — Pinçon, je vous prie !

Samuel. — Oh ! à un oiseau près ! allons, venez ! et emmenez votre pouls.

Pinçon, sortant avec lui. — À midi, je me mets à table !…

Scène VI

Charançon, Miranda, puis Gratin

Charançon, vexé. — Je le retiens Lambert avec son appartement tranquille… Ah ! c’est bien amusant ! oui ! c’est bien amusant. (Changeant de ton.) Enfin, nous allons recommencer. (Ils vont se rasseoir comme précédemment.) Ah ! ah ! mon gros poulot !… Où en étions-nous donc ?

Miranda. — À la bosse.

Charançon, cherchant. À la bosse ? Comment à la bosse. (Comprenant.) Ah ! à la Beauce !

Miranda. — À la Beauce, si tu veux !

Charançon, riant. — Il n’y a pas de "si tu veux !" Ah ! ah ! la bosse ! elle est amusante avec sa bosse. Tu ne sais pas où c’est la Beauce ?

Miranda. — C’est à Paris !