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Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 1, 1948.djvu/190

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Charançon. — Mais pas du tout !… mais pas du tout ! Je le plaide, mon procès. Je le plaide aujourd’hui !

Gabrielle. — Allons donc !… Vous le plaidez ! Vous ne pourriez même pas dire pour qui vous plaidez !…

Charançon. — Je ne pourrais pas le dire ! je ne pourrais pas le dire. (Voyant entrer Caponot.) Tiens, je plaide pour Monsieur.

Il prend Caponot par la main et l’entraîne vivement à droite.

Édouard et Gabrielle, à part, bondissant. — Caponot !

Gabrielle, bas à Édouard pendant que Charançon discute avec Caponot. — Édouard, nous sommes perdus !

Édouard. — Vite, courons au Palais !

Gabrielle. Oh ! Où vous voudrez ! mais sauvons-nous !

Ils sortent affolés.

Caponot. — Mais enfin, monsieur, je suis venu pour mon parapluie.

Charançon, à Caponot. — Eh bien oui, on le retrouvera, votre parapluie ! (Se retournant et ne voyant plus Gabrielle.) Eh bien ! elle n’est plus là ! Où est passée ma femme ? Gabrielle ! Gabrielle ! Ah ! Mon dieu, partie ! Je suis dans de beaux draps. Mon chapeau ! Où est mon chapeau ? (À Samuel qui rentre pendant que Gratin est allé chercher les chapeaux.) Tu n’as pas vu ma femme ?

Samuel, rentrant avec un grand pain qu’il porte sur l’épaule comme un fusil. — Si, monsieur ! j’étais en bas quand je l’ai vue monter en voiture, elle a dit au cocher : au Palais de Justice.

Charançon, affolé. — Au palais de Justice ! Ça y est ! Elle ne m’a pas cru ! (Remontant.) Elle va pour m’entendre plaider… moi qui ne plaide pas. (À Caponot, le prenant par la main.). Venez, vous !

Caponot. — comment "Venez, vous !"

Charançon, tenant Caponot et ne lui lâchant pas la main jusqu’à la fin de l’acte. — Oui, nous n’avons pas de temps à perdre ! Venez !

Gratin revient de la cuisine et donne à Charançon son chapeau.

Miranda. — Eh bien ? Et moi !

Charançon. — Désolée, ma chère amie. Déjeune seule ! Je te laisse Samuel.

Samuel. — Chouette !

Miranda, ahurie. — Oh !

Elle tombe assise sur la chaise à droite de la table.

Pinçon, entrant au moment où ils sortent. — Pardon !

Charançon, le faisant pirouetter. — Oh ! Vous m’embêtez, vous !

Gratin. — Mais où allons-nous ?

Charançon. — Au Palais de Justice.

Ils sortent.

Pinçon, à Samuel, debout derrière la table. — À midi, je déjeune…

Samuel. — Oui ? (Le faisant asseoir en lui tapant sur l’épaule.) Eh bien ! déjeunez ! (Tout en versant à boire.) Décidément, c’est une chouette femme !

Tous trois déjeunent.

RIDEAU