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Page:Feydeau - Théâtre complet, volume 1, 1948.djvu/248

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M. Jean. — Oui, monsieur. (Il prend Leboucq que lui passe Follbraguet.) Venez, monsieur !

Follbraguet. — Attendez !

Leboucq, d’une voix mourante. — Quoi ?

Follbraguet, lui tendant la petite boîte qui contient la dent. — Voici votre dent, monsieur ! Vous teniez à la conserver…

Leboucq, prenant la boîte par acquit de conscience. — Oh ! maintenant, je n’y tiens plus ! Je m’en vais !… Je sens que je m’en vais.

Follbraguet. — C’est ça, allez !…

M. Jean, emmenant Leboucq. — Par ici, monsieur, par ici.

Ils sortent de droite.

Follbraguet, allant s’asseoir à son bureau. — Quelle journée, mon Dieu ! quelle journée ! (On frappe.) Entrez !


Scène VIII

Les mêmes, ADRIEN, puis HORTENSE, puis MARCELLE

Adrien, froid et digne, s’arrêtant sur le pas de la porte. — C’est moi, monsieur.

Follbraguet. — Quoi, c’est vous ?

Adrien. — Je souhaiterais avoir une conversation avec Monsieur.

Follbraguet. — Quoi ? quoi ? qu’est-ce que c’est encore ?

Adrien. — J’ai attendu que Monsieur ait achevé son client. Quand j’ai entendu que Monsieur le faisait emmener par M. Jean, j’ai frappé.

Follbraguet. — Bon, bon, ça va bien, parlez !

Adrien, descendant. — Soit ! Monsieur n’ignore pas que Madame vient de gravement offenser Hortense ?

Follbraguet. — Ah ! non ! non ! vous n’allez pas encore venir me réembêter avec ça !

Adrien. — Je regrette de réembêter Monsieur, mais ce n’est pas pour mon plaisir. Monsieur sait sans doute que je fréquente avec Hortense ?

Follbraguet. — Quoi ?

Adrien. — Enfin, on s’est cédé.

Follbraguet. — Ah !

Adrien. — Oh ! pour le bon motif, car, malgré ça, je compte l’épouser.

Follbraguet. — Ah !… Eh bien ?

Adrien. — Eh ben ! en tant que mari, je ne puis admettre que Madame dise d’Hortense qu’elle couche avec Monsieur, ce qui est infamant !

Follbraguet. — Infamant ! infamant ! D’abord, je suppose que vous n’avez pas cru !

Adrien. — Oh ! non, je connais Hortense.

Follbraguet. — Merci pour moi.

Adrien. — Et puis, n’y a qu’à se souvenir de la façon dont Madame appelait Monsieur quand elle traitait Monsieur de chapon.

Follbraguet. — Ah ! mais dites donc !

Adrien. — Ce n’est pas pour froisser Monsieur, c’est pour lui montrer l’illogisme des femmes.

Follbraguet. — Je ne vous dis pas, mais…